Isabelle Fontaine rédigé le 26 avril 2017 à 12h03
Article paru dans le journal nº 46 d'Alternative Santé
Le Trager passe notamment par une mobilisation lente des membres
Dans la famille des méthodes psychocorporelles consistant à travailler sur le corps et ses tensions pour apaiser les maux de l’esprit, la méthode Trager occupe une place à part. Comme d’autres approches alternatives, cette méthode reste malheureusement discrète en France ; elle est en revanche très populaire aux États-Unis, et en particulier en Californie, où la méthode est née dans les années 1950 sous les mains de Milton Trager (lire encadré ci-dessous). Unique par son approche très douce et intuitive, une séance de Trager consiste en une série de mouvements particuliers faisant alterner pétrissements, soupèsements, extensions, bercements, caresses enveloppantes, mobilisations et impulsions vibratoires données au corps.
« Il existe plusieurs centaines de combinaisons de mouvements possibles, adaptées aux besoins de la personne et de son état, toutes caractérisées par leur extrême douceur. La notion de plaisir et de bien-être est au cœur de la méthode, qui permet d’aller très loin dans le lâcher-prise », explique Isabelle Rénier, praticienne de la méthode Trager à Paris depuis douze ans, mais aussi animatrice d’ateliers de Mentastics*.
Le but des manipulations développées par la méthode Trager consiste à « informer » le système nerveux et certaines parties du corps du fait qu’ils peuvent fonctionner de manière plus libre, avec plus d’espace, de légèreté, de fluidité. La conséquence positive de ces « informations » est de transformer des schémas psycho-corporels figés, discordants, et procurer un apaisement des tensions physiques et psychiques que nous traînons et qui nous empoisonnent.
Milton Trager aimait à répéter ce leitmotiv pour définir les grandes lignes de sa méthode : « Ce n’est pas un massage, c’est un message. » Des messages qui peuvent induire des réactions émotionnelles toutes particulières et qui peuvent surprendre. « Des larmes peuvent se manifester en cours de séance, car l’on vient réveiller, libérer et dissoudre, des émotions cristallisées dans le corps. Ou, au contraire, la personne peut ressentir de la joie, en lien avec le toucher bienveillant qui répond à un besoin et vient guérir », ajoute la praticienne.
Bien qu’elles suivent des mouvements codifiés, les séances Trager ont la particularité d’être guidées par le ressenti intuitif du patricien, appelé « feeling ».
Celui-ci se met en effet en posture d’accueil inconditionnel de la personne, sorte d’état méditatif que Milton Trager, appelait « Hook up ». « C’est un état où l’on est invité à aller plus loin que ses propres limites, dans un grand relâchement et respect de l’autre et de soi-même », précise Isabelle Rénier.
En cours de séance, Isabelle écoute les sensations subtiles qu’elle perçoit à travers ses mains en contact avec la personne, afin d’orienter au mieux le travail. « Je ressens des influx, qui font comme une ouverture sous mes doigts, indiquant que le corps est en accord, ou bien comme une rétractation, qui me demande de ralentir ou de faire une pause. »
Une place est également accordée au feed-back du consultant. En cours et en fin de séance, celui-ci est amené à verbaliser ses ressentis corporels, avec le plus de précision possible. « L’idée est de se mettre à l’écoute de ses sensations de manière profonde. C’est un apprentissage qui permet de développer sa proprioception, afin de cheminer vers son mieux-être », souligne la praticienne.
C’est le même esprit d’autonomie que l’on retrouve dans ce que Milton Trager appelle les « mentastics », terme issu de la contraction entre mental et gymnastics. Ces mouvements simples, personnalisés et adaptés en fonction de la personne, enseignés en fin de séance, permettent d’intégrer les nouvelles postures acquises et d’en prolonger les effets bénéfiques au quotidien. Ils peuvent être effectués quand l’envie ou le besoin se fait ressentir. « Les mentastics, qui sont tout sauf une gymnastique robotique, sont comme une gestation d’un nouvel état d’être », explique Isabelle Rénier.
Adaptée aux adultes, aux enfants, aux femmes enceintes ou allaitantes, la méthode Trager est indiquée pour soulager les douleurs physiques et psychiques : angoisse, insomnie, stress, tensions chroniques du dos, du cou. Elle se révèle aussi précieuse pour les personnes victimes d’abus sexuels.
Elle peut s’accompagner en parallèle d’une psychothérapie verbale, permettant ainsi de poursuivre le travail psychologique dans le corps. Le Dr Jean-Louis Marie, médecin gériatre à La Rochelle, praticien-instructeur de Trager, affirme pour sa part qu’elle apporte un bénéfice non négligeable aux personnes souffrant de la maladie de Parkinson, ou d’eczéma, de psoriasis, d’acouphènes, en suite de chimiothérapie ou en fin de vie.
Dans le détail, indiquons que trois séances sont en général nécessaires au démarrage, suivies de rendez-vous réguliers ou ponctuels, en cas de difficultés particulières, moments de crise ou d’épreuves de vie. « Les gens ressentent en général un bien-être immédiat à l’issue de la séance. Mais il faut dire aussi que l’effet Trager est aussi très profond dans la durée. C’est une rencontre avec la paix intérieure, et une plus grande confiance et ouverture aux autres. C’est un véritable chemin de développement personnel », conclut Isabelle Rénier. l
À lire : Le chemin de la sensation, la légèreté du corps par la méthode Trager, de Maurice Kriegel, éditions du Souffle d’or.
Pour trouver un praticien : www.tragerfrance.com
airtrager.com (Isabelle Renier)
Né en 1908 dans une famille de modestes immigrés polonais, le jeune Milton TRAGER aime plus que tout bouger… À Miami, il devient facteur, acrobate sur la plage, puis boxeur. C’est au contact des sportifs que le jeune Milton découvre l’art de « masser », qu’il maîtrise intuitivement grâce à une écoute profonde du corps et des sensations. Il ne cessera ensuite de développer sa pratique, jusqu’à Hollywood où il travaillera pour des personnalités, tout en prenant en charge des enfants atteints de polio. À 42 ans, il se forme à la médecine au Mexique afin d’obtenir une reconnaissance officielle de sa méthode qu’il enseigne à l’Institut Trager, fondé en 1980. Il meurt en 1997, à l’âge de 89 ans.
Attention : Les conseils prodigués dans cet article ne vous dispensent pas de consulter un praticien des médecines alternatives. Vous pourrez en trouver un près de chez vous et prendre rendez-vous sur